L'ELEVAGE A LA
MAIN
QUELQUES CONSEILS ET
PROTOCOLES
(Daniel
MARTINOLES - Avril 1999)
A Les nécessités de lélevage à la main
C Les protocoles de nourrissage
A Les nécessités de lélevage à la main
Les raisons pour lesquelles un éleveur a recours à lélevage à la main sont multiples :
Ces dernières années ont vu se mettre en place une technicité de plus en plus pointue inhérente aux divers appareillages et produits facilitant lélevage à la main.
Eleveuses, pâtées délevage, sondes diverses, thermomètres et hygromètres, sont à présent fournis par diverses marques nous en laisserons dailleurs le choix à léleveur.
Le but de cet article étant déclairer les plus inexpérimentés, léleveur néophyte trouvera ci-dessous une liste dustensiles de base:
C Les protocoles de nourrissage
Les températures exactes requises pour lélevage artificiel des Psittacidae différent légèrement suivant les auteurs
Méthode R.M. LOW:
Eclosion: 37,2°C, puis quelques heures après: 35,7°C
Méthode R.SCHUBOT:
Nouveaux-nés: 32,2°C à 34,4°C ou, si les pulli sont faibles: 35°C
Apparition des premières gaines de plumes: 30°C à 32,2°C
Méthode K.DIEFENBACH:
Elevage du 1er au 8ème jour: 36,0°C
Elevage après le 8ème jour: 33°C, puis ajuster en fonction de lemplumage (30-32°C au début de la pousse des plumes, 26 à 30°C quand le plumage est abondant.)
Méthode VOREN & JORDAN:
Elevage du 1er au 4 à 5e jour: 36,4° (pendant moins que 5 jours si lespèce est petite)
Après le 4e-5e jour: 35° pendant 4 à 9 jours (moins si lespèce est petite)
A environ 10 jours: 33,9°C jusquà ce que les oisillons aient assez de duvet pour ne plus être considérés comme nus (ce recouvrement de duvet peut durer de quelques jours chez les petites espèces à deux semaines chez les plus grandes comme les Aras).
Après le développement du duvet: 29,4°C
Quand les plumes recouvrent les ailes, la tête et une partie du poitrail: 25 à 28°C (T° ambiante de la pièce délevage).
A partir de ce moment lajustement de la température se fera en fonction du comportement des oisillons:
Pour savoir si la température est suffisante, placer laile entre ses lèvres, on doit alors ressentir une légère chaleur (ni tiédeur, ni froideur).
Considérer également quun oisillon élevé seul aura besoin dune température plus élevée quun groupe.
Ara ararauna à deux jours
Jeunes Caïques à tête noire (Pionites melanocephala melanocephala)
Jeunes Eclectus, Cacatoès et Gris du Gabon
Dès les premiers signes de bêchage de la coquille, mettre loeuf dans léclosoir porté à une température de 36,9° et dont lhygrométrie est réglée entre 40 et 50 %.
Une fois loiseau éclos, il doit rester encore 2 à 6 heures dans léclosoir (ou plus si loisillon montre des signes de faiblesse due à la fatigue due au bêchage ou sil est prématuré.)
A léclosion nettoyer lombilic avec un coton-tige légèrement imbibé de Bétadine pure.
1 - Formules de nourrissage
Dans tous les cas nous utilisons du liquide de Ringer, ou à défaut de leau de Volvic en raison de sa faible concentration en électrolytes. Nous avons en effet noté que les blocages de jabots napparaissaient pas avec ces produits, proches de la concentration des compartiments liquidiens des organismes nourris.
Le premier examen du nouveau-né décide du type de solution de nourrissage, en effet deux cas peuvent se présenter :
Dans ce cas lorganisme na pas terminé le catabolisme du vitellus, le tractus intestinal est encore fragile et susceptible à toute surcharge.
3 à 4 premiers jours = 50% de solution de réhydratation (Ringer) + 50% de supplément nutritionnel à haute digestibilité (type INSTANT OUNCES ou CRITICAL CARE) + une pincée de probiotiques.
Après le 3e ou 4e jour: Solution diluée (Ringer ou Volvic) de pâtée de nourrissage pour Perroquet.
Dans ce cas le vitellus est résorbé, les organes digestifs sont prêts à recevoir la nourriture exogène.
Solution diluée de formule de nourrissage pour Perroquet donnée dès le premier jour + une pincée de probiotiques (pendant les 3 premiers jours)
A noter que certains auteurs remplacent leau de dilution par du jus de papaye ou de banane (R.M.LOW).
2 - Température et consistance de la nourriture
Nourriture donnée à une température de 42° à 43°C (de 37,7°C à 40,5°C pour SCHUBOT).
Nourrir sous la chaleur dune lampe de 100W pour ne pas refroidir le nouveau-né.
Premiers nourrissages = consistance plus légère que celle du lait (cf. photo)
3 - Enzymes digestives
Si loisillon ne prend pas assez de poids ou maigrit, on peut rajouter des enzymes digestives:
Prozyme ou Pancréazyme, pour celà mélanger ¼ à ½ cuillère à café denzymes à 1 bol ras de formule, puis laisser agir avant de distribuer.
Le temps nécessaire aux effets de cette médication est dune semaine.
Cesser ladministration des enzymes dès que loiseau recouvre sa santé.
4 - Quantité de nourriture
Premier nourrissage: 0,25ml environ pour une espèce de taille moyenne, et 0,5 ml pour un Ara type A.ararauna.
Il est nécessaire daugmenter la quantité de nourriture distribuée à chaque nourrissage afin daugmenter lélasticité du jabot.
Comme vu dans le - IV - 1 on doit considérer 2 cas selon le stade de lévolution entérique du poussin au moment de son éclosion :
Si lon utilise la solution délectrolytes (cf 1er cas) dès le premier jour:
Pour un début à 0,5 ml (Ara), il faudra augmenter progressivement les doses pour atteindre 0,75ml en 24 heures.
Si lon continue cette augmentation régulière , le jabot pourra contenir 1,1 ml à 48 heures, 1,5 ml à la fin du 3e jour et 1,9 ml à la fin du 4e. Puis on pourra augmenter à volonté la capacité du jabot.
Pour un début à 0,25ml (Amazone ou Cacatoès moyen), le jabot pourra contenir 0,4ml à la fin du premier jour, 0,6ml à 48 heures, 0,8 ml à la fin du 3e jour et 1ml à la fin du 4e. Puis on pourra augmenter à volonté la capacité du jabot.
Si lon utilise la formule diluée (cf 2éme cas) dès le premier jour:
Pour un début à 0,5 ml, il faudra augmenter progressivement les doses pour atteindre 1ml en 24 heures.
Si lon continue cette augmentation régulière , le jabot pourra contenir 2 ml à 48 heures, 3 ml à la fin du 3e jour et 4 ml à la fin du 4e. Puis on pourra augmenter à volonté la capacité du jabot.
Pour un début à 0,25ml, le jabot pourra contenir 0,5ml à la fin du premier jour, 1ml à 48 heures, 1,5 ml à la fin du 3e jour et 2 ml à la fin du 4e. Puis on pourra augmenter à volonté la capacité du jabot.
Ces données ne sont quindicatives et sujettes à variations interindividuelles mais, dans tous les cas, il faudra arrêter le nourissage lorsque la nourriture atteint la moitié de la longueur du cou (ceci étant parfaitement visible par transparence).
5 - Hygrométrie
Minimum: 40%
Idéal: 50 à 75% (50 à 65%pour LOW), SCHUBOT précise que lhygrométrie doit être supérieure à 50% chez les poussins hyper-actifs (Vasas, Royales,...)
Hygrométrie assurée par un petit container rempli deau + fongicide (HIBITANE ou autre).
6 - Conditionnement des poussins
Containers individuels + KLEENEX blanc.
Oisillons enveloppés corps et tête droits (non allongés) afin déviter tout refoulement de la nourriture dans le tractus respiratoire. Les mouvements des poussins sont restreints grâce au papier.
Pulli recouverts par du papier chez R.M.LOW.
7 - Méthode de nourrissage
Se réchauffer les mains et garder les doigts chauds car tout contact froid avec la peau de loisillon stoppe son comportement de quémande.
De la même manière, le poussin cessera sa quémande dès que la température de la nourriture diminuera.
Si la quémande a cessé et que le jabot peut encore être rempli, on pourra distribuer de petites quantités tout en sassurant néanmoins que chacune dentre elle est avalée.
Nourrir le plus jeune en premier.
Nourrir goutte à goutte avec un fin compte-gouttes; on pourra se servir de son extrémité pour ouvrir le bec de loisillon tout en maintenant sa tête entre le pouce et lindex. Attendre que la première goutte soit avalée avant dintroduire la suivante.
8 - Fréquence de nourrissage
Premiers jours: Chaque 2 heures, de 6 heures à minuit.
On peut néanmoins nourrir chaque 3 heures mais les oisillons auront une croissance plus lente et seront moins robustes jusquà leur indépendance.
Ne jamais modifier la fréquence de nourrissage une fois quelle a été établie.
Permettre le plus souvent possible le vidage du jabot (il peut rester vide une heure durant sans dommages), sinon il y a risque de dégénérescence graisseuse hépathique et de dysfonctionne-ment rénal.
9 - Contrôle de la croissance pondérale
Oisillons pesés tous les matins, avant le premier nourrissage.
Lexamen physique des oisillons est au moins aussi important, sinon plus, que sa pesée:
aura une coupe en U, un bréchet amaigri aura une coupe en V. Cependant, un oisillon ayant insuffisamment hydraté pendant les premiers jours gardera cet état irréversible durant toute sa croissance, cest pourquoi il vaudra alors mieux examiner son coude ou l articulation après lépaule.
V De la fin de la première semaine au début du sevrage
1 - Formules de nourrissage
Consistance: Yaourt ou compote légère ou pâte liquide à gâteau, puis épaissir un peu avant le sevrage.
La nourriture des Aras et Guaroubas doit être plus grasse que celles des Cacatoès (10 à 15% de lipides contre 3 à 5%), ce taux de graisses pourra être augmenté en ajoutant de lhuile végétale selon les conseils dun vétérinaire avien.
2 - Température et consistance de la nourriture.
Nourriture donnée à une température de 38 à 42°C, on pourra la diminuer au fur et à mesure de la croissance.
Consistance: Crême épaisse, compote de pommes, puis épaissir au fur et à mesure de la croissance.
3 - Quantité de nourriture.
Ne jamais proposer de quantité digérée en une heure ou moins.
Ne jamais sous-nourrir pendant la 2e semaine (phase de croissance optimale), alors quon le pouvait pendant la première.
Cest à la 2e semaine quil faut progressivement augmenter lélasticité du jabot, pour cela il faut se souvenir que la même quantité peut être distribuée pendant quelques nourrissages puis lon peut augmenter un peu le volume de gavage à condition que le temps de vidage du jabot ne se soit pas rallongé.
Pour augmenter lélasticité, et donc la capacité du jabot, il suffit par conséquent daugmenter progressivement les volumes distribués, mais cela ne doit jamais être au détriment du temps de vidage de cet organe.
La capacité du jabot est maximale:
- A la 3e semaine chez les petites espèces;
- A la 6e ou 8e semaine chez les espèces de taille moyenne (Amazones, gris du Gabon, )
- A la 8 ou 10e semaine chez les espèces de plus grande taille (grands Aras et Cacatoès).
Ces quantités varient selon la fréquence de nourrissage précedant lémancipation (2 ou 3 fois par jour).
Si les jeunes oiseaux sont nourris deux fois par jour juste avant leur émancipation, les volumes maxima sont:
Grands Aras........................................120 à 140 ml;
Grands Cacatoès...................................80 à 120 ml;
Petits Aras..............................................45 à 60 ml;
Petits Cacatoès.........................................50 à 70ml;
Grands Amazones....................................60 à 70ml;
Petits Amazones.......................................45 à 55ml;
Pionus et Petits Amazones......................30 à 40 ml;
Gris du Gabon..........................................50 à 60ml;
Conure mitrée..........................................40 à 50ml;
Nanday, Conures, Alexandre, Derby.......20 à 30ml;
Perruche à Collier, Pyrrhuras..................12 à 20ml;
Perruche Callopsitte.................................12 à 15ml.
Nourrir plus doucement quand le transit oesophagien de la nourriture se ralentit, sarrêter absolument de délivrer la nourriture quand le niveau de celle-ci est situé à la moitié du cou.
Si lon a trop nourri, il faudra alors enlever lexcès avec une sonde.
Se souvenir quun jabot rempli est tendu au toucher.
4 - Hygrométrie.
Minimum: 40%
Idéal: 50 à 75%
5 - Conditionnement des poussins.
A lobscurité complète.
De 5 jours à lapparition des premiers tubes: Oisillons rassemblés par petits groupes (3 à 4) dans des containers de taille limitée (mouvements restreints) + Serviettes en papier ou sciure fine mais non pulvérulente.
De lapparition des premiers tubes au stade du plumage complet: Oiseaux sur substrat grillagé.
Jeune Amazone
Ara ararauna : sortie des plumes de couverture
Jeunes Amazones à joues vertes (Amazona viridigenalis)
Jeunes Cacatoès de Ducorp (Cacatua ducorpsii)
6 - Méthode de nourrissage.
Seringue introduite du côté droit du bec (il sagit ici de la droite du nourrisseur, loiseau étant face à lui), de manière à ce que la nourriture sorte du côté droit de loiseau (à gauche du nourrisseur).
7 - Fréquence de nourrissage.
Chaque 2h30 à 3 heures (LOW)
8 - Contrôle de la croissance pondérale.
Oisillons pesés tous les matins, avant le premier nourrissage.
Dans les 2e et 3e semaines du développement, tous les pulli ont à peu près la même courbe de croissance, mais au-delà de 3 semaines les différences peuvent être assez importantes et donc les comparaisons avec des données types, être de peu de valeur.
Lexamen physique des oisillons est au moins aussi important, sinon plus, que sa pesée:
aura une coupe en U, un bréchet amaigri aura une coupe en V. Cependant, un oisillon ayant insuffisamment hydraté pendant les premiers jours gardera cet état irréversible durant toute sa croissance, sest pourquoi il vaudra alors mieux examiner son coude ou larticulation aprés lépaule.
Chaque 2 à 3 heures au début puis nourrir moins fréquemment au fur et à mesure de laugmentation de lélasticité du jabot.
Jeunes Amazones de
Cuba (Amazona leucocephala)
en début de sevrage
1 - Conditionnement des jeunes.
Cages à fond grillagé (maille de 1,25 cm x 1,25 cm)
On peut mêler des oiseaux récemment sevrés et indépendants à des oiseaux non sevrés (à condition que les premiers soient suffisamment calmes), afin dinitier des comportements dimitation lors de la prise de nourriture par les plus débrouillards.
2 - Initialisation du sevrage.
Débuter la phase de sevrage lorsque les oiseaux commencent à mordiller tout ce qui se trouve autour deux (bagues, objets, pattes des autres oiseaux,...), certains oiseaux peuvent nêtre à ce stade quà moitié emplumés.
Au début du sevrage, nourrir moins fréquemment et diminuer les volumes distribués; ne jamais remplir complètement le jabot car la dépendance de loiseau ne pourra être inhibée.
Le dernier nourrissage à la main (celui du soir) sera stoppé lorsque les jeunes oiseaux auront remplis deux-mêmes leur jabot avec les items mis à leur disposition.
3 - Nourritures offertes.
On leur présentera dans des bols, et coupés en morceaux ne pouvant être avalés dun seul coup et occasionner un blocage de jabot:
4 - Contrôle de la croissance pondérale.
A cette période loiseau perdra un peu de poids et il faut donc surveiller cette involution pondérale, par des pesées journalières, pour quelle demeure dans des limites acceptables (si les jeunes sont assez gras et robustes avant le sevrage, on pourra leur autoriser une perte pondérale de 15 à 18%.)
Cette surveillance sera accrue pendant les 7 à 10 jours suivant la suppression du dernier nourrissage à la main (celui du soir). si alors le poids baisse trop, il faudra reprendre les gavages par petites quantités journalières: gaver un peu le matin et remplir le jabot avant la nuit, puis réduire à nouveau les quantités distribuées quand le jeune recommence à manger seul.
Se souvenir quun jabot plein de fruits à faible valeur énergétique peut conduire à une perte de poids par rapport à un jabot rempli de graines oléagineuses, noix ou noisettes.
5 - Durée de la phase de sevrage.
Elle est habituellement de 2 à 4 semaines.
© www.perroquet.net 1998 - Daniel MARTINOLES